Synthaxe et Luciole, Chroniques des Jumeaux Vertnuage

I - Prologue


Dans la très vieille famille Vertnuage, on perpétue depuis des siècles une tradition peu courante qui consiste à célébrer l’arrivée d’un nouveau né.
Chez eux, naître signifie quitter le monde des rêves. La coutume veut qu’en cet instant, tous soient rassemblés autour du nourrisson afin de fumer le Calumet et de faire des vœux qui protègerons l’enfant jusqu’à l’âge adulte.
Lorsque les deux jumeaux Luciole et Synthaxe Vertnuage naquirent de l’amour commun de leurs parents, ils n’échappèrent pas à la règle, et plus de 150 Elyséens de leur famille au premier degré s’étaient rassemblés pour fêter l’évènement. Des colonnes de fumée aux couleurs diverses s’élevaient au milieu du champ verdoyant. La famille était disposée en cercle autour d’un totem de petite taille où dormaient paisiblement les deux nourrissons.

Même s’ils étaient de sexe opposés et que leurs caractères se révèlent totalement différents, Luciole et Synthaxe s’entendaient à merveille. Ils grandirent auprès de leurs parents, qui les éduquèrent à la façon « Familiale » : Etre en paix avec soi-même. Ils apprirent les délices de la vie, ainsi que ses mauvais côtés.
Synthaxe était quelqu’un de calme, arrivant à garder son sang froid face au danger. Il aime la nature, et ce qui l’intéresse par-dessus tout c’est d’Apprendre. Malgré son visage dénué d’expression se cache quelqu’un capable de tout pour défendre sa cause et atteindre ses objectifs.
Quant à Luciole, elle était de nature plus joviale. Elle faisait ressentir son enthousiasme à travers sa voix en chantant. Elle aime l’aventure et les imprévus, sans ça, « La vie ne vaudrait pas le coup d’être vécu » qu’elle dit !

Comme le veut la coutume, eux aussi eurent à leur tour le droit de fumer le calumet lors de la naissance d’un petit cousin. Leurs yeux étaient alors injectés de sang, une sensation de joie et d’euphorie s’était emparée de leur esprit, ils se sentaient en symbiose avec la planète même, ils entendaient le cœur de la terre battre. Ils apprirent à savourer le plaisir que pouvait procurer ces nombreuses herbes à fumer.

Des années passèrent, les deux jumeaux avaient plus de 16 ans lorsque leur vie prit un tournant considérable. En effet, un jour paisible, il leur fut révéler qu’ils étaient en fait des êtres exceptionnels : des Daevas.
Le soir même, une dispute éclata entre Synthaxe et Luciole.


II – Synthaxe, où l'aventure nous mène bien loin


Cela faisait deux ans que Synthaxe n’avait plus vu sa sœur et qu’il n’assistait plus aux naissances de la famille, ce qui ne l’empêchait pas de fumer le calumet en compagnie de son nouvel ami : Daru, un Shugo avec qui il parcourait Atreia dans le but d’accroître leur savoir et leur connaissance sur ce monde merveilleux. Entre temps il était devenu un Mage.

Ces deux-là passaient leur temps à étudier la faune et la flore de diverses régions, prenant des notes sur quelques grimoires qu’ils transportaient dans leur sac de voyage. N’étant pas payer pour leur recherches, ils leur fut nécessaire de chasser pour survivre : Un bonne leçon de vie de laquelle ils tirèrent la valeur d’un bon souper préparé par Grand-mère et d’un lit bien douillet.

Lors de ce périple, Synthaxe vit pour la première fois des Asmodiens, une race qui lui importait peu et à qui il accordait un intérêt moindre, bien que sa famille ait toujours tout fait afin qu’ils ne soient plus une menace pour les leurs.
Les êtres à la peau grise s’étaient montrés peu amicaux. En effet, leur premier réflexe fut de sortir les lames et de mettre en position de combat. L’Elyséen et le Shugo s’en sortirent après une fuite qui s’était transformé en véritable course poursuite infernale.
Depuis cet évènement, Synthaxe considéra les Asmodiens comme étant une race belliqueuse et agressive. Et pourtant, ce n’était qu’un début…

Un jour, les deux coéquipiers décidèrent de se rendre à Sanctum pour laisser les livres qu’ils avaient terminés dans le domicile de Daru (si on peut appeler domicile une maison dans laquelle on ne passe pas plus de trois jours par an). Alors qu’ils parcouraient les rues, Synthaxe croisa un de ses nombreux oncles qui le reconnut aussitôt. La femme de ce dernier attendait un nouvel enfant qui devait être mit au monde le soir même, et il insista pour inviter son neveu ainsi que son ami le Shugo à la célébration traditionnelle de la famille qui se déroulerait trois jours plus tard. Synthaxe ne pus refuser.


III – Luciole, où tout n’est pas rose


De son côté, Luciole devint une Guerrière alors que tout le monde voyait en elle une Aede parfaite grâce à sa voix. Fière de défendre sa patrie et sa famille, elle se donnait corps et âme aux batailles endiablées qui se disputaient dans les abysses. Se révélant comme étant une combattante de qualité, elle continua dans cette voie.

Luciole fit la connaissance dans une auberge d’Endei, un Garde de Sanctum, chargé de préserver la paix dans la cité. Grand et svelte, un visage aux traits fins, des yeux d’un bleu ciel intense, ce tout avait fait tomber la jeune guerrière d’admiration.
Suites à de nombreuses péripéties, Endei et Luciole furent liés par un sentiment d’amour réciproque. Après quelques mois, ils décidèrent de prendre un foyer ensemble. Plusieurs années passèrent.
Malheureusement, tout n’était pas aussi rose que ça en avait l’air. Endei, qui venait de perdre sa mère, se mit à boire. Il en arriva à un stade où l’alcoolisme le perdit, et lorsqu’il tenta de frapper Luciole alors qu’il était trop saoul, c’est cette dernière qui lui trancha l’abdomen avec sa lame. Le sang se déversa sur le plancher en bois, formant une flaque sous le corps de l’ivrogne. Les larmes de la jeune Elyséenne se fondirent dans le liquide écarlate.

Le calumet et ce qu’il contenait devinrent la principale attraction de la jeune femme. Son absentéisme sur le champ de bataille la rendit moins vigoureuse. Lorsqu’elle retourna rendre visite à ses parents, elle ne s’attendait pas à voir sa mère à larme.
« La famille Vertnuage n’existe plus ! » Hurlait-elle.
Le père était assis derrière la table en bois, fixant une bouteille au trois quart vide qui se trouvait face à lui. Les habits qu’il portait étaient en lambeaux, on pouvait entrapercevoir des
De toute évidence, il s’était passé quelque chose de grave.
C’est son cousin qui se chargea de faire le récit de événements. Ses habits aussi étaient en lambeaux, et son visage portait de nombreuses traces de coups.
« Eden, le doyen de notre famille, est mort hier, et, comme la coutume le veut, son corps devait être brûlé à l’aube du lendemain, c'est-à-dire ce matin. »
Il y eut un moment de silence. Le père se leva, des larmes coulaient le long de ses joues. Le cousin reprit la parole.
« Ce matin, peu avant que les cendres de notre défunt aïeul rejoigne le corps de la Terre, une dispute concernant l’héritage de l’Heret éclata entre les deux nouveaux doyens, qui, comme toi Luciole, sont jumeaux. Je parle de Najah et Hammer. »
L’Ereth était une vieille amulette qui se transmettait de doyen en doyen dans la famille, on ne sait pas à quand remonte sa fabrication, mais on pense que c’était à l’époque où Asmodiens et Elyséens ne faisaient encore qu’un.
Cette relique avait une grande valeur, et le fait de se la disputer remettait en cause les fondements de l’esprit familial : « Vivre en paix avec soi-même ».
« Tout le monde les as vu, Najah était folle de rage et dans son hystérie c’est elle qui lança le premier sort sur son frère. Ce dernier dégaina son épée et chargea. Nombreuses étaient les personnes qui tentèrent de les arrêter, mais se furent les premières victimes de ce drame. Certains rentrèrent à leur domicile pour ramener des armes et venger leurs morts proches, ceci dégénéra et le sang gicla. L’honneur de la famille est souillé, à cause de la jalousie… C’est pitoyable, tout le monde en est attristé. Nous nous sommes comptés pour savoir combien il y avait de survivants : Environ 90. Plus de la moitié des notre ne sont maintenant que cadavres. Ils seront brûlés demain à l’aube, même ceux de Najah et Hammer, mais ils ne le méritent pas !!! »
Le cousin frappa contre un mur, son visage déformé par la rage.
« Et le soir même, on fête la naissance du fils de notre oncle. La tradition reste la tradition, même en cette triste période on ne peut la nier. Ah, une dernière chose, l’Ereth a était perdu, on pense que quelqu’un l’a dérobé pendant la bagarre. »

Cette nuit là, Luciole eut du mal à dormir dans cette maison où elle avait passée son enfance.





IV – Retour aux sources

Synthaxe arriva sur le lieu de la cérémonie que lui avait indiqué son oncle il y a quelques jours. Il s’attendait à voir plus de monde, surtout qu’il était en retard, mais il n’y avait qu’une vingtaine de personnes.
Lorsqu’il croisa le regard de Luciole, il baissa les yeux, elle en fit de même. Tout deux se sentaient accablés de remords, et repensaient à cette dispute dénuée de sens qui les avait séparé si longtemps. Préférant les gestes à la parole, ils se prirent dans les bras et quelques larmes coulèrent le long de leurs joues. Dans cette étreinte qui sembla durer une éternité, ils prirent conscience qu’ils étaient nés unis et qu’ils étaient constitués de manière à évoluer ensemble.

Lorsque le jeune mage réussit à reprendre la parole, il demanda à sa sœur la raison des nombreuses absences à cette cérémonie.

Elle lui raconta ce qui s’était passé la veille, de la mort du Doyen à la dispute d’Hammer et Najah.

« Puis nous sommes allés à la cérémonie des morts ce matin, et on nous apprit que la plupart de nos cousins, tantes, et oncles avaient décidés de quitter leur domicile et de ne plus jamais entendre parler de la famille Vertnuage. Maman dit que notre honneur et nos traditions ont été souillés et qu’elle comprenait leur choix. Comme tu peux le voir, on est très peu à être resté fidèle. »

Synthaxe eut un choc, jamais il ne se serait attendit à de telles choses, il en était abasourdi. Il jeta un coup un d’œil pour voir qui était resté, et en effet, ils étaient peu nombreux.

Ce qui restait de la famille devint une troupe Nomade, les deux jumeaux étaient les plus jeunes. Conservant les anciennes traditions, ils participaient aussi aux batailles qui se déroulaient dans les abysses, pour protéger leur Terre-Mère : Eslysae.
Se joignirent à ce camp de nomade de nombreux voyageurs qui adoptèrent leur façon de vivre et décidaient de rester. Si bien que le temps passa et cette troupe devint un Clan, qui prit le nom de Calumet.
Une décennie passa, les ravages de la guerre contre les Asmodiens s’étaient sévèrements accentués. Synthaxe et Luciole, étaient les dernières personnes de la famille Vertnuage encore en vie dans la troupe, composée maintenant d’Elyséens ayant adoptés leurs coutumes.