Allez hop encore un topic "made in Stouffland..."
Voilà, rien que pour le plaisir de vos petits yeux en trou de pine, je posterai ici des extraits ou des écrits complets de ce qu'il m'arrive d'écrire avec ce bon vieux Word...L'exercice en soi est plutôt enrichissant, reste à voir si vous allez penser pareilllement, si vous arrivez déjà à lire ce que j'écris (personne n'a dit que faire de la lecture sur un forum c'était agréable).
Loin de moi tout orgueil, j'ai juste l'envie de faire partager mon goût pour l'écriture et autres exercices littéraires.
Il va de soi que chacun est invité à poster ses éventuels écrits ici.Sympathiquement vôtre.
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Un jour, je me suis dit: "Et si je prenais la relève de Sir Arthur Conan Doyle?"
Avec le recul, je me dis que je devais bien avoir 3 grammes ce jour-là pour oser avoir de pareilles présomptions, m'enfin voilà c'est fait c'est fait...
Voilà donc le début de ce qui deviendra peut-être un petit roman, dont je n'ai pas encore trouvé le titre. Si t'aimes pas lire, tu te casses!
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Reprise de l'oeuvre de Sir Arthur Conan Doyle]
En ce soir d’octobre 1880, l’ambiance était morose à Baker Street. La pluie tombait sans discontinuer depuis plusieurs jours et les gros nuages massés au dessus de Londres ne semblaient pas avoir l’intention de se disperser. Les rues étaient transformées en chemins boueux et les gens ne sortaient que par absolue nécessité. Sans doute y avait-il aussi quelques fous parmi eux, des fous comme moi qui refusaient de demeurer cloîtrés entre quatre murs pendant des jours. Ce soir-là donc, j’étais parti pour mon club de bridge, désireux de fuir l’atmosphère morose et enfumée de notre appartement. J’avais quitté Holmes assis dans son fauteuil, le regard rivé à la fenêtre comme s’il s’attendait à ce qu’un visiteur en surgisse pour lui proposer un nouveau problème à résoudre. Il ne s’était pas encore départi de cette détestable manie qu’il avait de s’injecter de la cocaïne à chaque période de désoeuvrement : la seringue hypodermique posée sur la petite table près de son fauteuil en témoignait. Et pour couronner le tout, il fumait cigarette sur cigarette, comme si la drogue ne suffisait pas à lui agiter l’esprit. Je l’avais donc abandonné à son mutisme et son nuage de fumée qui m’irritaient la gorge, les yeux et l’humeur, et l’avais salué sans obtenir une réponse ou un signe de tête.
A présent, il était huit heures du soir et en ouvrant la porte, une mélodie grinçante et couinante parvint à mes oreilles. La vue du dîner préparé par la concierge me donna du baume au cœur car mon ami était apparemment de plus méchante humeur que lorsque je l’avais quitté. Des sons si disgracieux ne pouvaient être produits que par un homme en colère car Holmes jouait d’ordinaire à merveille. Il avait quitté son fauteuil près de la fenêtre pour s’installer devant le feu de cheminée, dans un fauteuil à haut dossier. Un filet de fumée s’échappait en son sommet, auréolé d’un nuage de fumée grise et suffocante, et je devinai ses longs doigts grattant les cordes avec une certaine brusquerie. Holmes était ainsi : tantôt vif, tantôt apathique lorsque son travail connaissait une période d’accalmie, mais toujours introverti dans son ressentiment ou sa joie. Ainsi mon ami s’escrimait-il sur son violon tandis que l’appétissant poulet rôti refroidissait derrière lui. J’accrochai mon manteau trempé à la patère, écoutant Holmes et son violon. Il produisit encore quelques crissements avant de s’en séparer, une note d’agacement dans la voix.
- Hélas ! Ce temps m’ôte tout goût pour la musique. »
Il déposa son instrument sur la petite table adjacente et tira quelques bouffées de sa cigarette, ignorant le repas. Je refusai de demeurer l’estomac vide et m’attablai sans tarder.
- Il est vrai que vous jouez mieux que cela d’habitude. Mangez donc, cela vous redonnera le moral, Holmes, dis-je avec franchise en me versant un verre d’eau.
Mais il ne bougea pas, se contentant de tendre un bras pour attraper une tasse de café déjà tiède que la concierge avait déposée en mon absence, en même temps que le repas.
- Allons, Watson. Divertissez-moi un peu, voulez-vous ? Faîtes-moi partager cette soirée à votre club de bridge, bien que j’en connaisse déjà les principaux points.
- Alors, vous devez certainement savoir que j’ai perdu de l’argent ? Mais hormis ceci, je ne vois pas ce qui mérite votre attention.
- En effet, il ne fait aucun doute que vous avez perdu de l’argent et ce n’est pas votre expression morne qui me l’a dit.
- Alors, c’est votre petit doigt car je ne vois absolument pas…
- Nous savons tous les deux que vous n’avez aucun talent pour le bridge, Watson. De plus, vous ne vous séparez jamais de votre montre, qui pèse un certain poids : en toutes circonstances, vous la gardez soigneusement rangée dans votre veston. Or, lorsque vous avez retiré votre manteau, les pans de votre habit étaient à hauteurs parfaitement égales. J’en déduis que vous l’avez vendue avant de vous rendre à votre club, chez un bijoutier. Allons, Watson : une si belle montre !
- Par le diable, auriez-vous des yeux derrière la tête ? »
Puis je remarquai le grand miroir sur pieds à gauche de la cheminée où apparaissait le coude de Holmes, posé nonchalamment sur l’accoudoir. Je me trouvai fort stupide et mécontent qu’il puisse me voir sans que je puisse lui rendre la pareille.
- J’aurais pu tout simplement la perdre en route, grommelai-je.
- Et comment ? Votre veste est neuve : la doublure est donc intacte. Et vous n’êtes pas un homme négligent. »
Je le félicitai de la justesse de son observation et entamai le poulet en espérant qu’il s’en tiendrait à ce succès. Mais le caractère taquin et perfectionniste de mon ami ne connaissait pas de limite et j’en fis une nouvelle fois les frais.
- Après cette visite malheureuse chez le bijoutier puis au club de bridge, vous avez rendu visite à une femme. »
Il but une gorgée de café, attendant ma réaction tout en continuant à scruter le feu. Je ne pouvais voir que le haut de sa tête mais j’étais prêt à jurer qu’il souriait. Me dépouiller ainsi de mes secrets était pour lui plus un entraînement qu’un mauvais tour, une façon pour lui de garder ses facultés d’analyse en éveil pendant les mauvais jours. Je me gardai de le détromper : après tout, cet enchaînement de succès lui remonterait peut-être un peu le moral, et me distrayais tout autant.
- Mary Connors, en effet. On ne peut donc rien vous cacher !
- Allons, Watson. Pour le coup, c’est une évidence et je suis d’ailleurs désolé que vous n’ayez à m’offrir que ces peccadilles pour ce soir. »
Peccadilles ! Je sentis ma mauvaise humeur regagner du terrain et décidai de ne pas rabaisser la haute estime qu’il avait de lui-même, qui le faisait me réduire à l’état d’homme insignifiant. Il n’avait pas tout à fait tort dans le fond, bien que j’estimât que ma vie sortait assez de l’ordinaire avec la campagne en Afghanistan.
- Votre repas est froid, Holmes. »
Mon ami ne cilla pas, buvant toujours son café à petites gorgées, le fond de sa tasse cognant régulièrement sur la coupelle.
- Allons, Watson. Dites m’en plus, voulez-vous ? Je n’ai pas envie de quitter ce fauteuil confortable pour vous soumettre à un examen plus approfondi. Je suis pourtant sûr de trouver un cheveu de femme sur votre col. »
Machinalement, je portai la main au col de ma chemise et ne fis que la souiller de sauce sans rien y trouver. Mon ami était un fin manipulateur.
- Auriez-vous décidé d’enterrer prochainement votre vie de vieux garçon ?
- Grands dieux non, Holmes. Cette femme est ma nièce : elle vient d’arriver à Londres pour y poursuivre sa scolarité.
Quel âge a-t-elle ?
- Dix ans. »
Il y eu un bref silence puis il reprit sans bouger d’un pouce :
- Après toutes les enquêtes que j’ai résolues haut la main, comment pouvez-vous encore songer que je vais croire votre mensonge ? Mon ami, ce n’est pas parce que je défends les lois des hommes que je suis contre celles de la nature. »
Encore une fois, je demeurai coi devant son audace puis décidai d’avouer pour qu’il me laisse en paix. Et je ne voyais plus vraiment pourquoi j’avais menti à un ami.
- Comment diable faites-vous ?
- Une fillette de dix ans ne mettrait pas du parfum, à moins d’être excessivement précoce. La fumée n’a pas réussi à masquer cette délicieuse senteur de jasmin dont vous êtes littéralement imprégné. Comme vous le voyez, je suis déçu : ce ne sont que déductions basiques sans grand intérêt. »
J’étais forcé de m’avouer vaincu et décidai d’être bon perdant :
Soit. Vous avez gagné, Holmes. C’est une femme d’un grand cœur, très correcte et fort aimable. Une dame respectable. »