N'oublie pas la Loi

Berith marchait en silence, progressant dans l'obscure forêt où les arbres eux mêmes semblaient attentifs, inquiets.
Si le Balaur semblait à présent parti et sa fureur évanouie, les blessures physiques et morales qui lui déchiraient l'âme et le corps tenait le rôdeur Asmodéen en éveil, tandis que le sang noiratre de son vieux compagnon Hadral qui maculait ses mains griffues lui torturait sans cesse l'esprit, rapellant sans cesse à Berith que les environts n'étaient pas sûr.
Car à présent il était seul.
Six jours plus tôt, alors que le monde semblait encore renfermer quelque promesse pour Berith et les siens, le capitaine de sa garnison l'avait envoyé en mission de reconnaissance, lui et 13 de ses compagnons. Et pas un d'entres eux ne rentreraient au camp à présent.
- Bonne chance et n'oubliez pas la Loi, leur avait lancer leur supérieur en les regardant s'éloigner du camp et penetrer dans la sombre forêt.
Depuis peu, les expéditions en territoire Elyséen se faisaient plus fréquentes et Berith se portait chaque fois volontaire, désireux d'arpenter les vastes forêts qu'on trouvait au sud d'Atréia, l'amour des arbres habitant son coeur comme celui de tous les rôdeurs.
Mais alors qu'après deux jours de marche la routine et l'ennui commencaient à les gagner un à un, un Balaur de taille stupéfiante leur était tombé dessus à l'improviste. En temps normal, ces viles créatures ne s'aventurent guère en dehors des Abysses et la surprise fut telle pour le petit détachement que 5 d'entre eux furent balayés et réduit en charpie par les machoires du monstre avant que leurs rangs ne s'organisent pour faire face à cette soudaine menace.
Les guerriers avaient rapidement former vite une ligne de front et chargèrent courageusement, tandis que l'arc de Berith chantait et que Hadral psalmodiait ses sortilèges les plus puissants. Mais rien n'y fit:le Balaur semblait enragé et son étrange présence en ces lieux attestait de sa témérité. La créature avait décimé en quelques instants les rangs des Asmodéens et, bondissant au beau milieu de la mêlée, il avait empoigné Hadral par les jambes pour s'en servir d'arme contre les quelques guerriers encore en vie. En quelques secondes, tout s'était terminé. Berith parvint seulement à ajuster son tir et avait décoché son trait juste avant de voir l'énorme main libre du Balaur plonger vers lui, Hadral pendant lamentablement inconscient, peut être même mort dans son autre main.
Berith avait tout juste eut le temps de voir sa flèche s'enfoncer dans l'oeil du monstre, lui arrachant un cri démoniaque, et alors sa vue s'était troublée lorsqu'il fut projeté dans les airs pour percuter deux dizaines de mettres plus loin ce que son esprit vacillant avait reconnu pour être un tronc d'arbre. S'affallant sur le sol, Berith avait sombré peu à peu dans l'oubli de l'évanouissement, tandis que son regard vide s'était posé sur le Balaur qui dans sa rage s'acharnait sur les cadavres inertes de ses frères d'armes, frustré de ne pas retrouver celui qui lui avait pris un oeil.

Il s'était réveillé en pleine nuit, pour constater qu'il reposait dans un bosquet épais qui avait amorti sa chute et l'avait caché du Draken et ainsi sauvé de la mort.
Berith s'était relevé péniblement et sorti du taillis pour vite détourner les yeux de l'horeur de la scène. Déjà les corbeaux entamaient leur sinistre besogne et l'odeur du charnier emplissait l'air lourd de la nuit. Le rôdeur allait fuir ce lieu de mort quand un murmure étranglé avait attiré son attention, se glissant prudemment jusqu'à la forme qui l'appelait appuyée contre un arbre il avait reconnu Hadral, à moitié mort.
-Où sont les autres ? avait il finalement réussi à haleter entre deux souffles rauques.
-Morts, avait répondu Bérith sans réfléchir. Viens, il ne faut pas rester ici. Les loups ne vont pas tarder. Je vais te porter.
Mais Hadral s'était encore plus affaissé contre l'arbre en gémissant et Berith se souvint alors que le plus jeune frère de son ami était des leurs lors de cette mission.
Le sorcier avait finalement renoncé à se relever et avait attiré Berith à lui pour lui faire ses adieux.
-Venge nous, Berith. Venge nous par tout les moyens. Et n'oublie pas la Loi.
Et sur ces mots il mourrut.
La Loi. Berith l'avait appliqué toute sa vie mais cette nuit là, elle pouvait aller bruler en enfer. Il aurrait souhaiter dire adieu lui aussi à Hardal, lui dire qu'il était comme un frère pour lui, et l'entendre lui confier un dernier message pour sa mère et sa femme. Mais Hardal, mort en Asmodéen, n'avait rien dit de plus. Simplement de respecter cette maudite Loi.

-Il ne t'auras pas fallu longtemps pour nous perdre, se moquait doucement Degan tout en écartant les branches qui lui baraient la route. Doit on déjà monter aux arbres pour retrouver le chemin du Lycéum, Hariel ?
-Oh la ferme, imbécile, je me concentre ! Si tu pouvais te taire plus de cinq minutes de temps en temps, je pourrais peut être retrouver notre route, clerc à la manque. Viens, c'est par là.
Degan appréciait beaucoup la jeune Hariel. Ces accès de colère fréquents le faisaient toujours rire, le visage de la svelte sorcière se tordant en d'hilarantes grimaces qu'elle devait jugée menacantes.
Hariel était comme une soeur pour lui, mais parfois il n'était pas sur qu'elle le voyait de la même façon, la jeune fille semblant se comporter comme si les deux étudiants étaient un vieux couple.
Ils cherchaient donc à regagner leur académie quand un son étrange parvint aux oreilles de Degan. Se retourant, il vit alors une longue silhouette s'avancer furtivement vers eux, cherchant à les prendre à revers.
Hariel continuait d'avancer, déblatérant sur l'inéfficacité de Degan lors de leur entrainement forestier et l'insultant copieusement en l'accusant de les avoir perdu, alors qu'elle avait insisté quelques heures plus tôt pour prendre la tête.
-Qui va là ? lanca Degan.
Hariel se retourna elle aussi et ettouffa un cri en voyant émerger de l'obscurité le grand rôdeur Asmodéen qui déjà tenait une flèche encochée et les toisait d'un regard fort mauvais.
Le combat semblait inévitable. Mais soudain, Berith releva la tête d'un air tendu. L'ouïe fine du rôdeur ne le trompait pas car, projetant son psyché aux alentours, Degan sentit aussitôt une présence néfaste et surpuissante; et bientôt un cri inhumain vint déchirer le silence appaisant de la forêt, un cri que Degan n'avait encore jamais entendu, mais qu'il reconnut immédiatement.
-Un Balaur... ici ? se risqua à demander Hariel d'une vois brisée par la peur.
-Oui, répondit Berith d'une voix glaciale. je le traque depuis 3 jours. Cette fois-ci il ne m'echappera pas.
Degan ne sut dire pourquoi, mais il sentit que le ton méprisant du rôdeur n'était pas destinée à son amie, qui se renfrognait en réfléchissant déjà à un moyen de se venger de l'affront imaginaire dont elle se croyait victime. La mine que la sorcière affichait était bien connue du jeune homme qui pouvait presque voir les rouages de son esprit se mettre en marche, élaborant un plan machiavélique comme elle en avait pris l'habitude plusieurs fois par jour. Mais un autre hurlement, plus proche que le précédent, vint couper court à ce nouvel affrontement avorté.
Berith semblait calculer à la vitesse du vent, observant les deux jeunes Elyséens dans le détail, comme si il cherchait dans leurs traits à évaluer leur force et leur courage.
-Je me nomme Degan, se risqua le clerc.
-Je sais répondit Berith. Et elle s'appelle Hariel, et je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi petit faire autant de bruit. Je vous observe depuis un moment et c'est miracle que le Draken ne vous ait pas encore repérer. J'esperais vous utiliser comme piège pour détourner son attention mais on dirait qu'il est trop tard. Il approche.
-Que doit-on faire demanda Degan à l'Asmodéen. Tu as un plan ?
-Je servirais d'appat, répliqua Berith. toi et la gamine, restez à couvert et attendez mon signal.
Et il tourna aussitôt les talons pour replonger dans les buissons d'où il était venu, sans laisser le temps à Hariel, rouge de colère, de lui répondre.
Quelques minutes s'écoulèrent, durant lesquels Degan eut tout le mal du monde à faire taire sa camarade qui décrivait par le menu le sort qu'elle allait réserver au "peau bleue" quand elle mettrait la main dessus.
-J'espere qu'il ne lui est rien arrivé, finit-il par dire à mi-voix.
-Tu plaisantes ? s'étrangla Hariel. Il vient d'Asmodée. S'il revient, nous le tuerons, c'est la règle. Et il essaiera de faire de même, crois moi. Ils doivent avoir des ordres précis à ce sujet.
-Je préfere la paix avec les Asmodéens que la guerre avec les Balaurs, fit observer Degan. Si le Draken le tue, nous ne serons plus que deux. contre un tel monstre, c'est sans espoir.
-Alors le peau bleue est perdu. Il est parti seul depuis un moment déjà et pas de trace de lui.
Ils entendirent tout à coup une déflagration assourdissante et au loin, trois arbres s'écroulèrent dans un craquement sinistre. La terre trembla légèrement, tonnant au rythme de la course lourde du Draken qui hurlait de plus belle.
Degan projeta à nouveau son psyché et sentit la tension qui animait l'esprit du rôdeur qui luttait pur sa vie un peu plus loin. Froncant les sourcils, dans un terrible effort, il concentra son pouvoir sur Berith et parvint à lire, clair comme sur une page blanche: MAINTENANT !
Il parvint également, avant de rompre le charme, à desceller une pensée lancinante qui semblait manifestement obséder le rôdeur. deux mots revenaient sans cesse dans son esprit: la Loi.
Il fit signe à Hariel de le suivre et pour une fois, la jeune fille s'executa sans discuter. Il se précipitèrent à travers les bois et parvinrent bientôt au bord d'une clairiere au centre de laquelle Berith livrait une lutte acharnée contre le monstre. Ayant jeté au loin son arc le rôdeur virvoltait autour du mastodonte, le blessant à chaque figure de l'une de ses fines dagues d'argent.
Faisant signe à Hariel de se déployer comme il leur avait été enseigné depuis leur plus tendre enfance au sein des institutions de Sanctum, Degan se mit en évidence et attaqua le Balaur en hurlant. Le Draken, en passe de prendre le dessus sur Berith qui semblait épuisé, fit volte face en abandonnant son adversaire pour affronter le clerc. Mais une détonation assourdissante vint alors du ciel et le Balaur, levant son hideuse tête, vit s'abattre depuis les cieux une lumiere éclatante. Derrière l'aveuglante lueur se dessinait la gracieuse silhouette ailée de la jeune sorcière Hariel, qui à présent déchainait son pouvoir et sa rage trop longtemps retenus.
Le Balaur chuta sous l'impact de la vague d'energie, et Berith et Degan en profitèrent aussitôt. Le clerc frappa de toutes ses forces la jambe du monstre sur laquelle reposait tout son poid, et le Balaur s'écrasa de tout son long sur le sol de la clairiere. Berith bondit alors et des ses terribles dagues, il trancha la gorge du monstre qui agonisa bientôt dans un gargouillis nauséabond.

Les trois jeunes gens avaient regagné la forêt et se tenaient en cercle, s'orbservant les uns les autres. Degan n'aurait su dire qui, de Berith ou de Hariel, allait engager le combat. Berith les fixait de ses grands yeux brillants d'un éclat rouge, et le jeune clerc l'entendit murmurer "N'oublie pas la Loi. Hariel fit un pas en avant en poignardant l'Asmodéen du regard et Degan tenta de l'arreter; la jeune fille lui cria de s'ecarter et, à l'instant même ou elle tournait son regard vers son compagnon, Berith décocha une flèche aussi rapidement qu'une étoile filante.
Degan qui s'était interposé entre Hariel et leur ennemi naturel, vit alors la flèche le dépasser en lui frolant le visage et entendit subitement cesser les cris de sa jeune amie.
Le coeur mit au supplice, il se retourna lentement et vit Hariel qui se tenait debout, l'air interdit et interloquée. A quelques pas derriere elle, plantée dans un arbre, vibrait la flèche de Berith. Les Deux jeunes Elyséens se retournèrent alors ensemble vers le rôdeur qui déjà s'en retournait vers les profondeurs de la forêt. Degan ne trouva rien de mieux que de crier:
-Pourquoi ?
-La Loi, répondit laconiquement Bérith.
-Pourquoi avoir attendu d'arriver jusqu'à la clairière ? hurla à son tour Hariel. Tu aurais pu te faire tuer à te faire poursuivre aussi longtemps.
-Peut importait ma mort, je devais simplement le tuer ou le faire tuer. Et je savais que tu frapperais du ciel et aurait besoin d'une bonne visibilté, gamine. Vous attaquez toujours ainsi. Et la clairière a permit d'éviter un incendie.
Puis il murmura pour lui même: "les arbres sont si beaux. Et nous en avons si peu par chez nous. Vous ignorez votre chance..."

-Ah, Berith, entrez. J'ai entendu parler de votre mission. Désolé pour Hadral. Mais dites moi soldat: vous étiez en plein territoire ennemi, avez vous rencontrez des Elyséens ?
- Oui mon capitaine.
-Avez vous appliqué la Loi ?
-Oui, mon capitaine: J'ai tiré.

L'histoire est vraiment très jolie et plaisante a lire, merci pour ce bel effort.
Je n'aurai qu'une seule remarque portant sur la cohérence de l'histoire. Pendant le combat contre le Balaur, Berith lance au loin son arc brisé, et une fois le monstre mort il arrive quand même a tirer une flèche sur les Elyséen.
Je me permais de te le signaler, mais bon ça reste vraiment une jolie histoire qui laisse place a un Rp entre ELyséen et Asmodien autre que le PvP.

Mais c'est vrai ça, merci ça m'avait échappé^^
Merci d'avoir lu et apprécié le texte (une petite édition va devoir s'imposer)